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 Noam → All the same.

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Alhy S. Easter


Alhy S. Easter


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❊ EVERYTHING ABOUT YOU
Age: J'suis vieille comme le monde.
What's your secret?:
Friendship:


Noam → All the same.  Vide
MessageSujet: Noam → All the same.    Noam → All the same.  EmptyLun 4 Fév - 19:23

Je m’appelle Alhy, juste Alhy, pour le moment. J’aimerais vous dire que mise à part un nom sur un passeport, rien d’autre n’est important. Parce qu’une carte d’identité, un lieu de naissance, une date et tous ces petits détails ne font pas de ma vie ce qu’elle est devenue. La petite Alhy souriante sur la photo d’identité est morte et enterrée depuis déjà bien des années. L’adolescente au sourire éclatant et aux cheveux blonds pur n’existe plus, elle est morte, morte. L’ancienne moi, est née en mille neuf cent quatre-vingts treize dans un des plus grands hôpitaux New-Yorkais. Elle était brillante, rayonnante de bonheur, elle riait à pleins poumons, elle ne se droguait pas et faisait attention à elle. Tout le monde l’aimait. J’en ai plus rien à foutre des gens et de ce qu’ils pensent de moi maintenant. Mes grands yeux bleus sont cernés de noir, mes fringues viennent toujours de grands magasins mais ils ne ressemblent en rien à ce que je portais avant. Je passe mon temps à planer, complètement défoncée comme un déchet et je n’ai pas été foutue de faire une overdose et de continuer de pourrir dans mon coin comme je le mérite. Il me hante, encore et toujours. Chaque nuit que je passe, il est là comme si il ne voulait pas me quitter. Je sais au fond de moi qu’il est encore vivant, je le sens. S’il était mort, je serais morte définitivement avec lui. Deux âmes sœurs, liés pour toujours. Et maintenant, je suis loin de lui. Loin de tout. Si vous voyez un corps flotté sur la rive du port de Ruiz, ne vous inquiétez pas. C’était juste une pauvre fille complètement détruire qui n’a pas survécu. Ayez de la peine pour elle et dites-vous qu’avant ça, c’était une fille bien et que tout ce qui lui arrive, elle ne le méritait pas.

« Mademoiselle Easter, je vous en prie entrez c’est à vous. »


Une voix nasillarde me tire d’un sommeil agité. Une chaleur étouffante règne dans la minuscule salle d’attente au papier peint couleur pastel dans laquelle je patiente depuis des heures en attendant que l’on finisse de traiter mon foutu dossier qui doit sûrement peser des tonnes sur la balance. De la sueur vient perler sur mon front, j’ai l’impression de mourir de chaud. Comme si tout mon corps était en ébullition total. Ma gorge brûle, autant que si on venait de m’y enfoncer avec force un tube en fer au diamètre conséquent chauffé à blanc dans l’œsophage. Mes membres sont secoués de terribles frissons, et mon corps entier me fait mal . Une bonne femme sans véritable allure, mais au tailleur particulièrement agréable à regarder se tient devant moi. Sa peau mate et ses cheveux crépus semblent laisser présumer des origines afro-américaines. Ses lèvres pulpeuses se tendent en un sourire chaleureux qui me donne la nausée. Qu’elle la garde sa chaleur et sa bienveillance, moi j’étouffe. Je me lève, en me tirant hors de cette chaise sensée être confortable (qui au plus grand étonnement de l’auditoire, ne l’est pas) et essaie de marcher d’un pas assuré vers elle. Le paysage semble tourner autour de moi, tandis que mon sang bat à tout rompre dans mes tympans provoquant au passage, une migraine du tonnerre. Je souffre le martyr depuis un peu plus de deux ans, mais ça tout le monde s’en balance. Peu leurs importe que la petite surdouée de New-York souffre à en mourir, c’est vrai qu’un mort de plus ou de moins ça ne change pas grand-chose et je suis bien placée pour le savoir. Tellement de corps sont passés sous mon scalpel que je ne les compte même plus.

Ma main gauche essaie de se frayer un chemin dans ma tignasse blonde comme si ce geste insignifiant allait me soulager de toute la douleur du monde. La femme qui se tient devant moi pénètre dans son bureau, moi sur ses talons. La porte se referme, et j’ai l’impression d’avoir développé une claustrophobie soudaine. Mes jambes flageolent sous mon maigre poids et je me rattrape de justesse à la première chaise à portée de main. Je m’affale dessus sans grande classe et pose ma tête entre mes mains comme si elle pesait des tonnes, incapable de la garder haute. Des bruits de pages feuilletées résonnent dans ma tête comme un écho, et j’entends la voix de la bonne femme sans l’écouter pour autant. Bon dieu, sortez-moi d’ici par pitié. Je tente de me concentrer sur les battements de mon cœur, qui bat presque aussi vite que celui d’un colibri. Il me faut quelque chose pour me raccrocher à la réalité et ne pas sombrer dans la folie démentielle du manque. Le manque… Bon dieu j’ai besoin d’une dose. Peu importe ce que c’est du moment que ça défonce ne serait-ce que l’espace de cet entretien soit disant obligatoire pour savoir dans quel section m’intégrer. Ils m’ont demandé mon avis peut-être ? Bien-sûr que non, sinon je n’aurais pas fait le voyage en avion et en bateau sous sédatifs si j’avais envie d’être ici, parmi tous ces étrangers dont les vies me semblent insignifiantes presque tout autant que cette île pommée d’ailleurs. J’en ai rien à foutre de cette île merdique aux paysages sublimes où il fait soit disant si bon vivre. Tout ce que je veux, c’est ma came. Des clopes, une grande tasse de café et un rail de cocaïne. Je ne pense pas que ce soit trop demander. Même un shoot, ou ne serait-ce qu’un petit bang, une grosse douille, un fix. Mon cœur se calme, les battements ralentissent et deviennent réguliers.

Ma tête ne tourne plus autant, ça fait du bien de retrouver un peu de calme en soi-même. Je tente de relever la tête, le plus lentement possible pour m’éviter un haut-le-cœur désagréable qui me secouera le cœur et me forcera à courir le plus vite possible dehors pour y vomir mes tripes. Quoi que je ne sois pas en assez bon état pour sprinter jusque l’extérieur. Je calcule rapidement le temps qu’il me faudrait pour rejoindre la fenêtre, l’ouvrir et m’y pencher pour y déverser le maigre contenu de mon estomac. Environ sept secondes, mais si la femme présente avec moi avait un sceau, ça m’éviterais bien du mal. Une fois la tête relevée, j’essaie de comprendre ce que je fais ici. C’est si mal que ça d’être une junkie accro aux sensations fortes et à l’auto-destruction ? Ou est-ce seulement parce que mes idiots de parents s’en font pour mon potentiel psychique et souhaites me soigner coûte que coûte et au pire si j’en meurs ils auront fait la minimum syndicale histoire de soulager leurs conscience d’idiots bourges ? Baltringues, étroits d’esprits, débiles.

- Tout d’abord, bienvenue à Ruiz Alhy, ainsi qu’à la Smithsonian. Est-ce que tu sais pourquoi tu es ici ?

Parce que j’aime la mort, que je passe mon temps à me défoncer, ça me rend les idées claires. Parce qu’il m’a détruite au plus profond de moi, alors qu’il avait juré qu’il ne me laisserait jamais et qu’il me suivrait peu importe où j’irais. Que je suis une personne à moitié vivante sans cœur, parce que je fous mes capacités en l’air avec mes conneries, que je fous mes brillantes études d’anthropologie en l’air en étant défoncé heures vingt-quatre, que la débauche c’est mon dada et que j’aime ça.

- Non. Et je veux rentrer chez moi, maintenant.

Je me surprends à insister sèchement sur le « maintenant ». A vrai dire, j’en ai rien à faire d’être ici ou ailleurs, du moment que je me trouve dans un endroit frais et tempéré, loin de cette chaleur lancinante qui me bouffe toute entière et de ce soleil ardent qui brûle ma peau blafarde. Le cliquetis des doigts boudinés de la conseillère m’énerve au plus haut point, et je ne peux cependant m’empêcher de diagnostiquer. Signe de stress, énervement, fatigue, manque de patience… Tellement d’interprétations possibles justes pour un cliquetis. Elle se remet à parler, la brune. Lorsqu’elle évoque mon histoire un peu mouvementée et qu’elle demande de lui en parler l’envie soudaine de saisir son couteau à lettre pour lui enfoncer dans la veine jugulaire me prend. Démences meurtrières, violences soudaines, c’est un quotidien limite de schizophrène avec lequel je vis. Mon histoire ? Elle est froide comme un cadavre sortant d’un des frigos de la morgue dans laquelle je bossais. Elle est naze, bouffie, éreintée, anorexique, junkie, suicidaire, inconsciente, tarée. Quand mon regard glacial foudroie le sien couleur chocolat dans lequel sont parsemés quelques pointes vertes dans ses iris, une onde de gêne comme un fin voile parcourt la pièce et y dépose une ambiance électrique.

- Ce n’est pas de la curiosité, Alhy. Il faut que tu comprennes bien que je ne suis pas ton ennemie, je suis ici pour t’aider à te sentir bien à Ruiz et à démarrer une nouvelle vie. Tu fais partie de ces gens à qui l’on offre une seconde chance, et tu dois la saisir. Mais pour ça, il faut que tu m’aides à te comprendre.

Mes yeux se perdent dans le vide autour de moi. Je ne frissonne plus, et l’espace d’un instant je n’ai plus mal. Ma vie, celle d’avant lui, était bien. Je n’étais dépendante de personne, j’étais seule maîtresse de mon destin. L’amour ça ruine des vies. A l’instant où je ré-ouvre la bouche pour répondre, j’ai l’impression d’avoir cent ans.

- Tout le monde a une histoire à raconter, le tout, c'est de vouloir s'en souvenir.

Je ne lui raconte pas ma vie, je lui dis juste que je suis plus intelligente que la moyenne et que si je n’ai pas de cadavres à travailler je ne me sentirais pas bien. Sa mine semble se décomposer au mot macchabé. Quoi elle en a jamais vu des morts peut-être ? Elle se contente d’hocher la tête en silence et de griffonner sur sa feuille de papier blanc. J’ai pas envie de suivre leurs cours de demeurés si c’est pour m’emmerder assise sur une chaise à déprimer à cause du manque. Je regarde par la fenêtre, encore ces oiseaux. Putains de piafs merdiques. Elle veut me mettre avec les musicos. Ouais pourquoi pas, peut être qu'ils seront comme moi. Une fois qu'elle ai tout fini, sans attendre son approbation, je sors de son bureau, j'en peux plus et j'étouffe sincèrement. Je laisse la porte ouverte et me hâte à l'extérieur où je déambule sans faire attention. Les gens ont l'air souriant, moi j'ai l'impression d'être une écrevisse que l'on baigne dans une casserole d'eau bouillante. La chaleur est vraiment insoutenable et il me faut de la fraîcheur coûte que coûte. Les visages des gens dans les rues sont dorés et souriant. J'ai l'impression d'être une étrangère bien que j'en sois une. Je marche d'un pas qui est loin d'être assuré, je me met presque à courir. J'arrive rapidement à la plage qui s'avère être sublime. J'ôte la veste qui est sur mes épaules et la balance par terre sans me soucier des gens autour. Je délace mes baskets et plonge dans l'eau fraîche. Bon dieu, que demander d'autre, mise à part une dose.

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